Existe-t-il une relation privilégiée entre hommes et femmes d’Asie du Sud-Est et oiseaux ? La faune aviaire joue en effet dans cette aire un très important rôle dans la cosmogonie, les croyances, la structure sociale, les rituels funéraires et la technologie rituelle inséparable des productions économiques : agriculture, pêche, cueillette, chasse, artisanat, commerce. La figure de l’oiseau en Asie du Sud-Est est à percevoir d’abord comme élément d’un couple symbolique essentiel : le serpent et l’oiseau qui représentent d’une part la virilité, la séniorité, l’univers chthonien, les pluies et d’autre part la féminité, le ciel, la saison sèche et la juniorité, c’est-à-dire l’ensemble des dépendants.
Au sein d’une région caractérisée par l’alternance régulière d’une saison des pluies et d’une saison sèche et souvent par une bipolarité culturelle, la plupart des sociétés y ont élaboré une conception dualiste de l’univers, parfois trialiste : deux avatars d’une même Totalité divine originelle. Une trinité composée de deux éléments principaux (l’aîné et le cadet) et d’un troisième (l’épouse), domine effectivement l’Asie du Sud-Est où l’opposition aîné/cadet est générale et concerne la plupart des systèmes de parenté, répondant à une constante de la culture. La position sociale de la femme y est, peut-être plus qu’ailleurs, privilégiée sinon primordiale. Si, bien souvent, l’oiseau est la métaphore d’une jeune fille, ses envols se confondent toujours avec ceux de l’âme des défunts, prémisses de vies nouvelles et donc toujours symboles d’espérance. L’Asie du Sud-Est va ici de l’Inde à la Chine jusqu’à l’Océanie : Birmanie, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Vietnam. Et elle englobe ses marches les plus lointaines : certaines contributions concernent l’archipel Andaman (Inde), l’île de Madagascar, la Papouasie Nouvelle-Guinée, Taiwan et le Népal.
coédition Editions Connaissances et Savoirs (Paris) & Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine (IRASEC, CNRS et ministère français des Affaires étrangères, Bangkok)
Avec le soutien de la Maison Asie Pacifique (CNRS et Université de Provence, Marseille) et de la Fondation Singer-Polignac
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